Né à Moscou en décembre 1893, Eugène Gabritschevsky passe son enfance en Russie. D’une famille issue de la haute aristocratie moscovite, il reçoit une éducation érudite et connaît une carrière fulgurante en tant que biologiste avant de sombrer dans la folie.
Son père, bactériologiste, l’initie à la science. Gabritschevsky devient rapidement spécialiste des questions d’hérédité et travaille aux États-Unis puis à
Paris, à l’Institut Pasteur. À ses heures perdues, conjointement à son activité scientifique, le jeune homme peint une œuvre d’inspiration expressionniste.
Initié au théâtre par ses parents dès son plus jeune âge, il découvre les Ballets Russes créés par Serge de Diaghilev dans les années 1910 au Théâtre Mariinsky de Moscou. De cette expérience fondatrice naît tout un répertoire théâtral que l’on retrouve
dans ses œuvres par la déclinaison de motifs de rideaux, de rassemblements de foules ou encore de décors scéniques en plusieurs plans.
À partir de 1929, il est interné à l’hôpital psychiatrique à Haar, dans la région de Munich,
en raison de ses troubles schizophrènes et il est
contraint d’arrêter ses recherches sur la génétique. L’histoire du scientifique s’arrête à cette date,
alors que commence sa vie de peintre isolé et
tourmenté par la maladie. Au cours des cinquante années qu’il passe à l’hôpital, Eugène Gabritschevsky invente
un univers secret et visionnaire, rapidement admiré par les artistes, parmi lesquels d’abord Jean Dubuffet, créateur et défenseur de la notion d’Art
Brut ou encore Max Ernst ainsi que les collectionneurs et les galeristes, dont Alphonse Chave qui acquiert auprès de la famille près de cinq mille œuvres
pour sa galerie de Vence et en cède plus de six cents à Daniel Cordier.
Il figure dans d’importantes collections d’art, dont celle, conservé au Centre Pompidou, grâce à la donation Cordier
Dans les quatre mille gouaches qu’il a laissées, il rejoint par la variété des thèmes l’œuvre de Klee dont il est en quelque sorte l’homologue
pathologique.
Sa représentation oscille entre une réalité minutieusement rendue (fleurs, oiseaux, poissons), des surfaces ornementées que l’on pourrait
qualifier d’abstraites, et une troisième direction purement imaginaire (visages hallucinés, foules compactes, paysages et scènes fantastiques). Ce répertoire divers plonge le spectateur au centre
de délires dont la transcription et l’échange sont la difficulté et le sel de la peinture. Malgré la rapidité de l’exécution et la pauvreté des moyens, la poésie est partout grâce à la pluralité
des intentions qui renouvellent indéfiniment les thèmes. »
Daniel Cordier « 8 ans d’agitation », 1964
Exposition : 'Abbaye de Beaulieu, en 1975 sous ce titre, puis lors d'une exposition du 9 juin au 30 septembre 2007
sous le nom de "Fête de nuit". Étiquettes des deux expositions au dos.
collection d'art brut
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